Méconnue du grand public malgré l'omniprésence de ses créations dans de nombreux produits de consommation, Givaudan crée et produit des molécules de parfum, des arômes alimentaires, des compositions parfumées et des spécialités, à partir de matières premières naturelles ou synthétiques. Les laboratoires de recherche sont principalement situés en Suisse et aux Etats-Unis. La société possède cependant deux sites en France, l'un avenue Kléber à Paris, qui crée des arômes et abrite le bureau de vente, et l'autre à Argenteuil. Ce dernier site est plus particulièrement dédié à la création de produits de parfumerie fonctionnelle, c'est-à-dire destinés aux cosmétiques, détergents, savons... à l'exclusion de la parfumerie fine prisée par les grands créateurs de mode. Le site produit également des compositions parfumées dans ce que l'on appelle une salle de mélange, un procédé "à froid". C'est dans ces laboratoires de recherche applicative que les "nez", professionnels à l'odorat subtil, créent de nouvelles fragrances, le plus souvent à la demande d'entreprises clientes. Une centaine de personnes travaillent à Paris et environ 500 à Argenteuil (dont une centaine en production).
Mon rôle est d'éviter les accidents du travail et les maladies professionnelles, mais aussi la pollution", explique Jean-Pierre Maratrey, responsable HSE (santé, sécurité et environnement) de Givaudan en France. La clé de la sécurité réside dans la prévention, qui passe par l'information et la formation. D'ailleurs, le code du travail français impose à tous les salariés de recevoir une formation à la sécurité sur leur lieu de travail. Je participe à cette première session", explique M. Maratrey, "avec le responsable du nouvel employé, afin que nous fassions connaissance, que nous nous présentions et que nous sachions ce que l'on attend de nous. Elle est suivie d'une formation d'une heure et demie détaillant le rôle de la sécurité au sein de l'entreprise. Le personnel de production et de laboratoire reçoit une formation plus approfondie que le personnel de bureau, en raison des risques et dangers plus importants qu'il peut rencontrer.
La sécurité peut toujours être améliorée. L'élaboration et la mise à jour d'un document unique (DU) nous permettent d'envisager l'avenir de manière durable et de faire le point sur l'efficacité des mesures existantes pour assurer la sécurité des travailleurs. Et surtout d'identifier des pistes d'amélioration. Le risque zéro n'existe pas, "mais nous devons travailler à réduire les accidents". Ainsi, même les accidents mineurs sont analysés et le département HSE procède à des audits réguliers et continus : Je vais à la rencontre du personnel pour voir comment il évalue lui-même la sécurité et ses besoins de protection. Et sur la base des observations faites, nous lançons de nouvelles mesures dans une situation de travail donnée, dans un domaine donné, par exemple la manutention, ou le bruit au poste de travail, la sécurité des chariots élévateurs ou la protection contre l'incendie...". Bien entendu, parmi ces axes d'amélioration dans le domaine de la sécurité, des partenariats sont développés pour impliquer des prestataires externes et des entreprises travaillant au sein de l'entreprise.
Équipements de protection individuelle et collective
Aussi importants soient-ils, les équipements de protection individuelle ne doivent être utilisés qu'en dernier recours", déclare M. Maratrey. Il faut d'abord utiliser les équipements de protection collective, qui sont éminemment préférables. Par exemple, plutôt que de porter un masque lors de la manipulation d'un produit, il est préférable de travailler sous une hotte, qui est "une meilleure protection à tous points de vue".
Bien sûr, les EPI restent indispensables dans certains cas. La réalisation d'une composition de parfum implique le mélange de plusieurs centaines de produits différents dans des proportions strictement définies, il faut donc peser ces produits et substances, ouvrir les emballages et verser le contenu dans des récipients, avec le risque de respirer, d'inhaler, de recevoir des projections dans les yeux ou sur les mains, d'où la nécessité de gants, de lunettes de protection, de chaussures de sécurité, de masques anti-poussière, etc.
Cependant, pour homogénéiser nos mélanges, nous utilisons des agitateurs et des pompes pour transporter les produits, et nous avons des robots, ce qui signifie que nous avons aussi des moteurs qui génèrent du bruit. Rappelons que les responsables d'établissements publics et privés, d'entreprises et de collectivités locales doivent se conformer à la directive européenne sur le bruit 2003/10/CE. Pour ce faire, ils doivent surveiller l'exposition au bruit des salariés dans leur environnement de travail afin de déterminer la dose de bruit précise ou Lex. Le Lex correspond au niveau de bruit moyen mesuré et moyenné sur 8 heures (une mesure de bruit moyennée sur 8 heures). Les niveaux d'action sont précisés par le décret n° 2006-892 du 19 juillet 2006. Pour une exposition moyenne (Lex) supérieure à 80dBA ou un niveau de crête (Lp,c) supérieur à 135dBC, l'employeur doit informer les travailleurs des risques de surdité, leur fournir et leur conseiller de porter des protections auditives adaptées. Pour une exposition moyenne (Lex) supérieure à 85dBA ou un niveau de crête supérieur à 137dBC, l'employeur doit fournir et exiger des travailleurs qu'ils portent une protection auditive appropriée.
Pollution sonore
Nous avons effectué plusieurs campagnes de mesures pour déterminer les sources de bruit et analyser les niveaux par rapport à la réglementation qui impose un maximum de 80 décibels", poursuit M. Maratrey. Il y a quelques années, il a été estimé que le nettoyage au kärcher des mélangeurs était un facteur de bruit qui, sans dépasser les normes, était susceptible d'affecter le travail des employés qui devaient peser les produits avec la plus grande précision. Des travaux ont été entrepris pour réduire le bruit lors du nettoyage de ces mélangeurs : le capot, qui aurait été gênant et aurait réduit l'accessibilité, n'a pas été conservé, mais la pression du kärcher a été réduite, le nombre de têtes a été augmenté, et des bandes insonorisantes ont été placées tout autour de l'équipement. Nous avons ainsi pu réduire d'une dizaine de décibels.
"C'est pourquoi j'ai fait appel au matériel de mesure de Cirrus France, car même si des mesures doivent être effectuées périodiquement par des laboratoires agréés, je veux en avoir le cœur net".
Autre source de bruit, les travaux de construction... Le site est situé au cœur d'une zone où la préfecture exige le respect de l'environnement sonore. Nous effectuons des mesures de bruit à l'intérieur pour nous assurer que nous respectons le code du travail, et à l'extérieur de tous les murs d'enceinte de l'entreprise pour garantir le respect de la réglementation en matière de protection de l'environnement. Le site d'Argenteuil est soumis à déclaration et autorisation préfectorale en tant qu'ICPE (installation classée pour la protection de l'environnement, mais pas Seveso), notamment en raison du stockage de matières inflammables, de la présence de groupes électrogènes, de chaufferies, d'installations de combustion, etc. Le décret prévoit des obligations, notamment en matière d'émissions sonores, dont le respect doit être démontré. C'est pourquoi j'ai fait appel aux appareils de mesure de Cirrus France", explique M. Maratrey, "car même si des mesures doivent être effectuées périodiquement par des laboratoires agréés, je veux en avoir le cœur net".
Instruments Cirrus France
Cirrus France, spécialiste de la fabrication de sonomètres, s'est installé à Mirepoix (Ariège) depuis 2008, avec une unité de vente et d'assistance technique pour ses instruments de mesure du bruit. L'entreprise a développé deux types d'instruments simples d'utilisation. La gamme de sonomètres permet de vérifier facilement les niveaux de bruit sur un poste de travail (mesure du Leq, du niveau de crête (Lp,c), du LMax, du LMin), de stocker les mesures sur un ordinateur et d'analyser les fréquences (bandes d'octave) pour aider au choix d'une protection auditive efficace.
Le 'doseBadgeLe système consiste en un dosimètre de bruit sans fil, petit et léger. Il se porte sur l'épaule sans gêner l'utilisateur. Les données mesurées sont transmises à un lecteur infrarouge, puis téléchargées sur un PC. Cet instrument peut être utilisé pour collecter des données sur l'exposition moyenne (dose de bruit) (Lex) à petite ou grande échelle. La nouvelle version du doseBadge intègre la fonction "Dual Channel", qui permet de mesurer simultanément la dose de bruit selon deux normes différentes. Le canal A suit la norme ISO, tandis que le canal B peut être personnalisé. En outre, le doseBadge, déjà certifié ATEX - EEx (groupe I et groupe II), a également reçu les certifications IECEx et MSHA.
Cirrus France propose également de nouveaux doseBadges spécialement conçus pour les salles blanches et même des doseBadges noirs... à la demande des musiciens d'orchestre et des policiers.